Partant du constat que le taux de chômage des non-diplômés est en France trois fois plus élevé que celui des diplômés de l’enseignement supérieur et que 75 % des demandeurs d’emploi ont au plus le bac, les pouvoirs publics ont fait de la formation un levier prioritaire de la lutte contre le chômage. Mais, pour avoir un véritable effet, cette ambition doit aller au-delà du seul objectif du nombre de chômeurs formés.
Les efforts pour augmenter le niveau de formation initiale et continue ont été importants depuis trente ans. Pourtant, l’insertion dans l’emploi des jeunes et des chômeurs faiblement qualifiés reste difficile. Et les plus éloignés de l’emploi sont aussi ceux pour lesquels l’impact de la formation sur l’insertion professionnelle reste le plus faible.
Essayons de comprendre ce résultat contre-intuitif. Oui, les formations sont toujours bénéfiques à l’employabilité, puisqu’elles permettent l’acquisition de compétences. Mais, pour autant, elles ne compensent pas, pour les employeurs, le signal négatif associé aux caractéristiques individuelles de certains demandeurs d’emploi (chômage de longue durée, manque d’expérience professionnelle, faible niveau de diplôme initial, problèmes de mobilité, de logement ou de santé…).
Définir les besoins de compétences
Les entreprises ont du mal à définir précisément leurs besoins de compétences et à identifier celles détenues par les individus. Elles considèrent alors que ces caractéristiques du candidat sont des indicateurs plus pertinents pour mesurer son potentiel que le fait d’avoir suivi une formation. Aujourd’hui, moins de 15 % des entreprises ont des dispositifs de gestion de compétences, et il s’agit essentiellement de grandes entreprises.
Un accompagnement global est indispensable pour lever les freins périphériques à la formation
L’importance de ces caractéristiques dans le processus de recrutement explique en partie l’absence de résultats positifs de la formation sur l’insertion professionnelle, et expose dès lors une partie de la population à un risque de chômage durable, voire à des discriminations.
Il semble donc nécessaire de lever les obstacles préalables à la formation pour les personnes les plus éloignées de l’emploi, qui cumulent souvent difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Un accompagnement global est indispensable pour lever les freins périphériques à la formation, à savoir : une insuffisante mobilité, des difficultés d’accès à un logement, à des soins de santé mais également à des services de garde d’enfants.
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